Extrait exclusif du chapitre 11 de Brutal Princess

Tome 2 de Macabre Academy

(ne pas diffuser)

Le contexte : juste avant cet extrait, Skylar a accepté de signer un contrat avec Vlad, Oscar et Jackson pour vivre avec eux dans leur nouveau manoir et être à leur service en tant que « Serve », en échange de renseignements sur son amie Erin pour qui elle s’inquiète.

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Au moment où je me réveillai, une délicieuse odeur me flatta les narines. J’ouvris l’œil et me redressai. Deux chariots garnis de plats étaient placés près de la coiffeuse. C’était comme le room service d’un grand hôtel. Pancakes, toasts, bacon, saucisses, œufs, muffins, croissants… le tout servi dans des assiettes un festin ! Mon estomac vide se mit à grogner. Je sortis sur-le-champ du lit pour piquer une gaufre. J’étais faible devant la bouffe. Si les trois mousquetaires entendaient m’aliéner, c’était la bonne méthode.

Ma dégustation fut interrompue par le son tonitruant de pas agités. Mes geôliers préférés déboulèrent en trombe dans la chambre. Une vision à la fois horrible et enchanteresse, puisqu’ils étaient tous les trois torse nu, seulement vêtus d’un caleçon. Après le petit déjeuner 5 étoiles, c’était un curieux spectacle de tomber au réveil sur leurs bustes bardés de muscles lisses et saillants.

Miam. Euh, berk, je veux dire.

Je détournai les yeux, le visage échauffé. Oscar se fendit d’un sourire mutin.

Hello, la Suceuse. J’espère que mon Phénixir t’a fait dormir comme une masse parce que la soirée s’annonce longue. On a pas mal de choses à régler.

Merci pour ta signature, ajouta Vlad. Pour célébrer ton installation au manoir, on t’a apporté le petit-déjeuner au lit. On a demandé à notre cuisinière, une chimère, de te préparer des plats et des produits de boulangerie Lumen, mais elle s’est emmêlée les pinceaux entre les pays : France, Angleterre, États-Unis… Mais c’est exquis, tu verras. C’est un peu notre pendaison de crémaillère en ton honneur.

Ou ma pendaison tout court plutôt, ronchonnai-je en mâchonnant un morceau de pain. Vous êtes sûrs que ce n’est pas empoisonné ?

Jackson dégagea une mèche qu’il avait devant les yeux.

Alors qu’on n’a pas encore commencé à jouer avec toi ? Non. On ne gaspille pas la nourriture. Et toi, tu es un mets de choix. Tu es très comestible.

Fais-toi plaisir, m’encouragea Oscar. Une Serve repue est bien plus tendre et malléable.

En guise de réplique, je lui balançai une crêpe sur la tronche et parlai la bouche pleine :

Tu sais ce qu’elle te dit, la Serve ?

Pendant les minutes qui suivirent, je me remplis la panse, sous leurs regards attentifs. Quand j’atteignis la satiété, je repoussai les chariots. Le contenu de la moitié des assiettes au moins était resté intact.

C’était bon ? s’enquit Vlad.

Ouais. J’ai apprécié l’aspect cosmopolite du menu. Vous complimenterez votre chimère pour moi.

Jackson arbora un sourire carnassier. Je frémis. Ils manigançaient quelque chose ou quoi ?

Parfait, déclara-t-il. On a patienté sagement le temps que tu t’alimentes parce qu’on ne voulait pas te couper l’appétit.

Je croisai les bras autour de ma poitrine.

Rien ne peut me couper l’appétit, je suis une morfale.

Le cobra me dévisagea.

Est-ce que t’as lu l’annexe au contrat ? Ou tu fais partie des gens qui ne regardent pas les conditions générales quand ils font une transaction ?

En effet, je n’ai pas regardé tous les détails. Pour ce que ça aurait changé de toute façon… Ce n’est pas comme si vous auriez accepté de négocier.

La voix tranchante du loup-garou me fit sursauter.

Il faut qu’on porte à ta connaissance une clause majeure que tu as survolé : tes devoirs.

Mes devoirs ? En tant que Serve, je suis déjà à votre service, non ? Je dois faire des trucs en plus ?

Il acquiesça :

Oui. Parce que tu es une bonne élève. Tous les soirs, tu nous écriras de ta jolie calligraphie manuscrite un petit mot sur lequel tu inscriras un compliment sur l’un de nous trois. Un seul suffira, on n’est pas sadiques.

Pour être valable, le compliment sera sincère, précisa Oscar. C’est tout l’intérêt de l’exercice.

J’avalai ma salive.

C’est plus difficile à faire qu’une dissertation de cinq pages… bafouillai-je.

Tu es intelligente, la puce, tu t’en sortiras, roucoula Jackson.

Vous êtes vraiment des salopards ! crachai-je.

Premier compliment du soir, nota Vlad. Tu peux le noter. On valide.

Non, objecta Oscar. Ça doit être des flatteries Lumen, évidemment, sinon c’est trop facile. On veut des « Oscar est sexy, Vlad est rigolo, Jackson est un badass », ce genre de choses. Pas une litanie de noms d’oiseaux. Va falloir te creuser les méninges, ma grande.

Et si je ne trouve rien à mettre sur le papier ? renchéris-je. Il est probable que je sècherai complètement.

Alors, tu auras droit à un châtiment, qu’on tirera dans notre boîte de Pandore. Une liste de gages sexuels qu’on a concoctée.

Je grinçai les dents pour supporter la vague de courroux qui me happait.

Dans ce cas, je vais faire travailler mon imagination !

Un sourire en coin habillait les lèvres d’Oscar. Il aimait trop cette situation.

Je le rembarrai d’un ton rêche :

En tout cas, tu noteras, Oscar, que je ne vous ai pas suppliés, comme tu le croyais. C’est vous qui avais fait des pieds et des mains pour m’avoir.

Tu nous supplieras un jour, ma belle, souligna le serpent-garou sans la moindre once de doute dans la voix. Je ne vis que pour ce moment. Et toutes les tentatives de mutinerie qui vont le précéder ne le rendront que plus grandiose.

Je combattis les poils hérissés sur mes bras.

Fais pas cette mine écœurée, la newbie, intervint Vlad. Il y a aussi des avantages à ta position. Des récompenses.

Une fois intégré, ce mot descendit dans mon œsophage avec difficulté.

Une relation, ça va dans les deux sens, clarifia le vampire. Si tu te comportes bien avec nous, on saura t’exprimer notre reconnaissance.

J’avais envie de bondir.

Et ça consiste en quoi « bien se comporter avec vous », dis-moi ? Être une esclave sexuelle docile, toujours consentante, prête à vous lécher les burnes et à avaler votre semence jusqu’à la dernière goutte comme une offrande sacrée que les dieux que vous êtes me feraient ?

La vulgarité ne te sied pas, la puce, se froissa Jackson.

Moi, j’aime bien. Surtout l’appellation de dieux pour nous qualifier. Vlad, tu vends très mal le truc… Déjà, pour te remercier d’avoir signé le contrat, on va te faire une faveur : tu auras droit à trois vœux exaucés par Mortimer le Génie. Pas un de plus.

À cette mention de vœux, mes barrières commencèrent à se fissurer. Ma vie n’était pas un conte de fées mais peut-être un conte des Mille et une Nuits !

Cependant, je me gardai d’afficher mon enthousiasme et troquai cette émotion contre une attitude flegmatique. Je feignis l’indifférence :

N’importe quel vœu ?

Jackson eut un rire goguenard.

Mortimer n’est pas un dieu non plus. Les vœux qu’il peut t’exaucer se limitent au domaine matériel. Si tu espérais lui demander de te faire gagner les élections, par exemple, ce n’est pas possible. Les vœux ne doivent pas non plus impliquer la volonté de quelqu’un d’autre. Tu ne pourras pas exiger qu’on tombe amoureux de toi et qu’on te vénère jusqu’à la fin des temps…

Cette fois, c’est moi qui lâchai un rire bruyant.

Concernant ta dernière remarque, j’ai un peu plus d’ambition que ça dans la vie, mon coco. Mais Ok, je prends. Je réfléchirai à mes trois vœux.

En prononçant cette phrase, j’eus une sensation de vertige. Comment me déciderais-je ? Choisir, c’était renoncer.

(à suivre)